Plan de relance : des mots pour l’emploi et l’« offre », cent milliards pour les profits

Emmanuel Macron, Jean Castex et Bruno Le Maire ont entretenu le suspense sur le plan de relance qu’ils ont fini par annoncer le 3 septembre, à l’instar de ce qui s’est fait dans les autres pays développés. Ils prétendent que leur préoccupation est de préserver l’emploi et les compétences vitales pour l’économie française. Mais il y a essentiellement deux types de mesures : baisses des impôts sur le capital et les profits, aides à l’investissement sans critères ni conditions. L’emploi, on verra. Le premier ministre n’ose d’ailleurs annoncer que 160.000 emploi. L’emploi doit, pour eux, rester soumis à la rentabilité financière, à la dictature du taux de profit imposée par tout le système de pouvoirs du capital et du grand patronat. Par ailleurs, l’indemnisation du chômage partiel a été diminuée dès juin à 72% du salaire (contre 84% auparavant) et les entreprises qui embauchent des jeunes en CDD de 3 mois toucheront une prime de 4.000 euros.

Le ministre de l’économie et des finances nous tient un discours très politique sur l’emploi. Il dit en substance, comme Emmanuel Macron et son premier ministre Castex : « Nous avons fait ce qu’il faut en soutenant la ‘’demande’’ (la consommation), par les mesures sur le chômage partiel et sur le revenu des artisans, TPE et auto-entrepreneurs. Mais l’essentiel, maintenant, c’est de soutenir l’investissement, c’est-à-dire ‘’l’offre’’ (la production) ! ».

Ainsi par un tour de passe-passe habituel : (1) il réduit l’offre à l’investissement, donc exit l’emploi, la formation, donc le travail, alors qu’ils sont décisifs pour développer l’offre, une tout autre offre, une tout autre production ! (2) Et il réduit l’appui à l’offre à un appui au capital – « l’investissement » – à des cadeaux aux profits, au lieu d’appuyer les salaires, les dépenses pour les services publics et les dépenses sociales, (3) il instaure et conforte le patronat comme interlocuteur exclusif sur l’offre, sur l’investissement et la production, face pourtant au besoin de plus en plus pressant de pouvoirs démocratiques pour les travailleurs, les habitants et leurs élus sur ces investissements et sur les décisions de production, et même de recherches !

Une doctrine gouvernementale en trois volets

S’ajoute un second volet. Il laisse entendre : « Les exigences de verdissement et d’écologie vont nous aider et nous faciliter la tâche : il faut d’autant plus aider les entreprises à investir ! ». Et c’est un point majeur du plan Castex. En gros : « ne vous en faites pas, ce ne sera pas le même type de capitalisme » mais appuyez le capital. Pourtant, en matière d’écologie, l’emploi, la créativité humaine, la formation, la recherche sont la clé décisive, la condition pour trouver les solutions, et pour les mettre en œuvre !

Pour nous, l’emploi n’est pas un accompagnement « social », une « contrepartie », pour faire accepter des solutions prétendument écologiques supprimant des masses d’emploi. Une transition écologique réussie sera indissociablement écologique et sociale, ou elle ne sera pas !

Et pour nous l’emploi est une priorité avec plus de 6 millions d’inscrits à Pôle emploi, un million de chômeurs en plus et la perspective d’un second million d’ici la fin de l’année ! L’emploi est une priorité, mais un emploi non précaire, sécurisé, avec un bon revenu, un travail d’un autre type, progressivement émancipé, où les travailleurs et travailleuses sont des personnes, interviennent sur le sens de leur travail, et dans la gestion, et ne sont pas réduits à une marchandise, simple force de travail.

C’est pourquoi nous récusons le discours à la mode qui consiste à accompagner « la » transition écologique par de la « justice sociale ». Ce serait considérer encore une fois le social et l’emploi comme une simple conséquence et non un levier décisif pour une véritable transformation écologique.

D’autre part, ramener à l’investissement c’est maintenir la domination de la rentabilité du capital et la priorité au profit, c’est-à-dire à l’accumulation. Alors qu’il s’agit au contraire d’économiser du capital et de développer les capacités humaines, de développer dans le même temps notre niche écologique dans une nouvelle conception de l’efficacité, économique, sociale et environnementale. C’est cette conception qui doit s’imposer. Mais elle exige une transformation révolutionnaire des rapports sociaux pour que puisse pleinement s’accomplir la révolution informationnelle et écologique des forces productives sociales qui pousse et reste emprisonnée dans la gangue des rapports capitalistes et marchands, comme nous nous le disions en substance à notre 38è congrès. Car nous sommes porteurs de l’avenir, dans cette société bloquée !

Pour cela, il faut affronter la logique capitaliste et toute cette classe capitaliste moderne au pouvoir, celle du capital financier et de la techno-finance. Ce n’est pas une simple « transition » automatique et technique, gentillette.

Enfin, troisième couche de ce discours politique, les relocalisations, la « souveraineté » si on veut. Pour les relocalisations, c’est simple nous disent-ils : « baissons les impôts des entreprises et acceptez de baisser vos salaires ». La baisse des impôts dits « de production » (qui sont en fait surtout des impôts sur le capital et les profits) est présentée comme une condition pour relocaliser. Mais précisément, c’est la fuite en avant dans la même chose qu’avant : la compétition meurtrière entre pays pour attirer les capitaux… au détriment des implantations existant dans les autres pays ! Et donc une guerre économique renforcée. Une guerre économique qui se ferait par le moins-disant social et fiscal, donc au détriment de nos services publics, des salaires et des revenus du plus grand nombre, depuis les ouvriers jusqu’aux cadres, en passant par les agents des services publics, les chômeurs et les retraités.

C’est pourquoi pour ne pas être suiviste de cette conception, nous disons (dans le document adopté par notre CN de juin) « nouvelle maîtrise de la localisation des productions ». Et nous ajoutons non seulement le besoin de partage des coûts autrement que par les prises de contrôle d’immenses ensembles financiers, mais aussi le besoin d’une autre mondialisation avec d’autres institutions internationales, et des traités de maîtrise des échanges internationaux et investissements, des traités qui viseraient dans leur objet le développement des biens communs dans les différents pays impliqués. C’est notre réponse au défi posé par Trump. Et là-dessus nous ne serons pas seuls. Car des milliards d’êtres humains sont confrontés à ce défi.

Un bougé important : « sécuriser »… en paroles

Revenons au discours développé par nos dirigeants. La violence de la crise et la maturation des consciences comme de la réalité objective, les ont amenés à l’infléchir sur un point majeur : ils ont dû expliquer qu’il fallait sécuriser les gens pour maintenir les revenus et pour conserver les compétences. C’est très important ! C’est un bougé majeur dans notre sens.

L’ont-ils fait ? Ils ont fait du chômage partiel massivement, ce qu’ils n’avaient pas fait après la crise de 2007-2008. Et ils l’ont justifié par ces deux arguments : maintien des revenus et compétences. Mais ils ont maintenu le principe du chômage, et ils n’ont pas maintenu l’ensemble du revenu (84% du salaire net, pour le chômage partiel), sans compter qu’il n’y a pas de cotisations sociales sur l’indemnité de chômage partiel [1].

Tant et si bien que près d’un million d’intérimaires ou en fin de CDD se sont vus rejetés au chômage et que les revenus ont quand même connu un recul historique, avec -1,4 %, puis -4,6 % au second trimestre par personne [2] pour le revenu disponible brut après allocations chômage et autres prestations sociales ! C’est le plus fort recul jamais enregistré depuis 1949 (début des séries de comptes de la Nation).

Cela a engendré une explosion de la pauvreté, notamment chez les jeunes, y compris les jeunes couples avec enfant.

Et, dans les grandes entreprises comme Airbus, Derichebourg, Renault et bien d’autres, recevoir les fonds du chômage partiel (rebaptisé « activité partielle ») n’a pas empêché les annonces de licenciements et de suppressions d’emploi qui sont donc à venir. Ces grands groupes ont même reçu des milliards pour accompagner les licenciements, et soi-disant recomposer leur offre.

En outre, le dispositif de chômage partiel va se réduire progressivement aussi pour le revenu, limité à 72 % du salaire à partir du 1er juin, soit encore 14 % de moins. Tout ceci jusqu’au 1er novembre… Après, « nous verrons », a déclaré B. Lemaire à l’université d’été du Medef.

Donc, ils sont obligés de bouger, mais ils le font, pourrait-on dire, tous freins serrés et la tête à l’envers ! En faisant massivement le contraire en même temps. D’ailleurs, ils présentent à présent le chômage comme fatal : il va y avoir, disent-ils, 800 000 emplois détruits et plusieurs milliers de chômeurs supplémentaires. Ils nous présentent le chômage comme inéluctable tout en prétendant tout faire contre ! Mais ce « tout faire », Jean Castex vient de le dire avec son prétendu « langage de vérité », ce sera… 160 000 emplois. Au mieux !!

Ce faisant, ils peuvent toujours appeler à la « confiance » dans l’avenir, chacun sait que le risque de chômage va aller grandissant, et ce n’est donc pas demain que les ménages vont décaisser massivement l’épargne de précaution qu’ils ont mise de côté pour ceux qui ont pu le faire !

Il en irait tout autrement si on affirmait le principe de zéro chômeur, avec une sécurisation et une réelle perspective d’emploi, des mises en formation avec un bon revenu, le développement de ces fameuses « compétences », parce que l’on préparerait réellement les emplois de demain pour chacune et chacun.

Ceci dit, voyons bien que la société elle-même, pas les communistes tous seuls ! met à son ordre du jour la recherche de sécurités de vie nouvelles et émancipatrices. … Mais elle le pratique à l’envers.

En réalité, au fond d’eux-mêmes, nos gouvernants, pensent qu’on a eu une crise « exogène », c’est-à-dire dont les causes sont totalement externes, que cela va prendre 1 ou 2 ans, disent-ils, pour qu’on retrouve la trajectoire antérieure, et pour que celles et ceux qui l’ont perdu retrouvent un emploi ! D’ici là, il faudrait limiter au maximum la casse.

Ils nient profondément, en fait, l’exigence de transformation de leur système !

Une recherche de remodelage des institutions

Ainsi, au total nos gouvernants nous disent, « Laissez les mains libres à l’Etat, un Etat fort qui va vous protéger et organiser tout cela »…

Merci bien ! Comme on l’a si bien vu durant le confinement avec la désorganisation du système de santé, la non-production de masques, l’insuffisance de production de tests et d’organisation coordonnée dans les territoires, de machines dans les laboratoires pour réaliser et suivre les tests.

Et pour prétendre agir, on nomme un commissaire au Plan. Avec quels pouvoirs ? quelles missions ? quelle démocratie ? quelles relations avec les travailleurs, les habitants, avec les associations, les organisations syndicales, qui sont véritables forces vives du pays ?

Il s’agit plutôt, au mieux, de boucher un trou dans la raquette de leur organisation étatique excessivement déstabilisée par des années de néo-libéralisme, un trou qu’on va combler pour organiser une coopération plus étroite et décentralisée avec le patronat et au service du grand capital.

Il s’agit aussi pour eux, dans le même temps, de poursuivre une intégration fédéraliste européenne, mâtinée d’étatisme autoritaire, contrairement à ceux qui ont cru à un délitement de l’UE. Et cela va de pair avec l’attisement des nationalismes et des dominations internes.

Les « 100 milliards » du plan Castex

Le plan du gouvernement Castex présenté jeudi 3 septembre à grands coups de trompette annonce 100 milliards d’euros. Ce serait historique ? Heureusement ! Il n’y a pas de quoi s’en flatter car le recul d’activité comme le niveau du chômage ou le recul du revenu sont eux aussi historiques.

En réalité, sur les 100 milliards, le gouvernement français n’en met que 60, les 40 autres viennent de l’UE. Leur utilisation ? C’est simple : baisse des impôts sur les profits des entreprises et leur capital (20 milliards) et investissement, investissement, encore investissement ! Pour l’emploi aucune condition n’est imposée aux entreprises. Ce sera, si les patrons, si la conjoncture, les banques et la technique le veulent bien… Le gouvernement n’espère au mieux que 160.000 emplois, et en 2021 ! Et puis on fera un peu moins qu’avant pour le chômage partiel. Pour la formation, c’est plus que ridicule : 1 % des 100 milliards !

Mais Jean Castex en fait des tonnes sur l’écologie, secteur par secteur, sans bien savoir ce que cela donnera, sauf en espèces trébuchantes pour les grands patrons et le capital. Comme ils ont maintenu la baisse de l’impôt sur les bénéfices en même temps que celle des impôts dits de production, Les Echos écrivent avec gourmandise « ce sera fromage et dessert » !

Aucune condition ? Si, il y a une condition… offerte aux entreprises ! Et elle concerne les jeunes : on prie les entreprises d’embaucher des jeunes, surtout en alternance et en stage, et pour cela on va baisser encore les cotisations sociales sur leur salaire, donc  le coût du travail. Ce sont les vieilles, vieilles solutions qui ne marchent pas !! Il ne suffit pas de dire que cela ne crée pas d’emploi. Disons aussi que c’est pervers, car cela

  • mine l’emploi en qualité et donc l’efficacité,
  • attise la concurrence entre les générations et les travailleurs, entre diplômés et non-diplômés,
  • et instille l’idée qu’un jeune, cela doit être en quelque sorte « bradé » pour être embauché !
  • en outre, cela déstabilise le financement de la sécurité sociale.

Concernant les jeunes, Castex instaure en outre une prime à l’embauche pour des CDD de 3 mois, ce qui va accélérer la rotation et donc leur précarité.

Notons au passage que la baisse des impôts dits « de production » est en réalité une baisse des impôts sur le capital ou sur les profits… et que c’est le monde du travail, chômeurs et retraités inclus, qui va les payer puisque l’Etat annonce qu’ils seront compensés par la TVA.

Par ailleurs, en insistant sur les 100 milliards d’euros du plan Castex, ils masquent les quelques 300 milliards qui ont été mis jusque-là, durant le confinement et en juin-juillet et ont creusé le déficit… déficit financé – indirectement- par la BCE. Et au nom duquel on va nous demander des sacrifices, alors qu’il faudrait abaisser à 0 % les intérêts de remboursement de la dette (aujourd’hui, la France débourse autour de 40 milliards d’euros), en logeant celle-ci dans un Fonds européen spécifique pour les services publics, recevant la monnaie créée par la BCE alors qu’actuellement ce sont les Black Rock, Axa, Goldman-Sachs et consorts qui reçoivent cet argent pour, eux-mêmes, financer ce qu’ils veulent, dont les Etats. Pour commencer, la Caisse des dépôts pourrait lancer le mouvement, le proposer à d’autres banques publiques d’Europe, et exiger elle-même d’être refinancée par la BCE.

Dans ces 300 milliards, il y avait essentiellement quatre types de mesures :

  • le dispositif de chômage partiel ;
  • les aides directes aux grands groupes et aux filières où on annonce des suppressions d’emploi (aérien, automobile…) ou à celles qui sont spécifiquement touchées (tourisme, spectacle vivant…) sans conditions sur l’emploi ;
  • un soutien au revenu des artisans, patrons de TPE/PME et auto-entrepreneurs ;
  • des suspensions de paiements (impôts, cotisations sociales, ou encore remboursement des crédits en cours).

Quatre ensembles, auxquels s’ajoute le fameux PGE, prêt garanti par l’Etat, qui n’est pas un déboursement de fonds publics, mais uniquement une garantie assurée par l’Etat en cas de non-remboursement des prêts bancaires. Pour l’instant, il semble que l’Etat n’a rien eu à débourser.

Le Monde ne s’y trompe pas qui titre : « Baisses d’impôts et investissements de long terme », sans prendre le risque de titrer sur l’emploi. Tandis que le très macronien et très patronal Les Echos relaie la propagande gouvernementale et titre « L’exécutif met le paquet pour contrer la montée du chômage ». C’est faux. Des aides aux profits et aux investissements, cela ne fait pas de l’emploi ! Cela peut même faire des délocalisations…

Pour renforcer l’esbroufe, le Premier ministre énumère avec son plan toute une ribambelle de secteurs et de pseudo-projets : hydrogène, fret ferroviaire, rénovation thermique, etc. Mais ce ne sont que des thèmes, pour masquer qu’il effectue essentiellement des cadeaux aux profits et au capital, et rien pour l’emploi : zéro emploi pour l’hôpital, autant d’argent pour l’investissement de la SNCF que l’an dernier et aucun engagement d’emploi, alors que 10.000 suppressions d’emploi sont prévus dans le fret ferroviaire ! On peut toujours acheter des trains et construire des rails, s’il n’y a personne pour les conduire, pour organiser la logistique, etc., cela ne marchera pas et fera des gâchis considérables.

Par ailleurs, 1 % de la somme totale, oui 1 % seulement, est consacré à la formation ! Quant à la rénovation thermique, comment peut-on envisager d’en faire une réalité sans formation massive ceux qui en sont les artisans ? Et sans un appui financier conséquent à celle-ci.

Dire investissement pour l’« hydrogène », ou dire « fret ferroviaire », ce n’est pas dire « emploi ». Avec la révolution informationnelle qui donne un rôle clé au travail vivant, si on ne fait pas emploi et formation, il n’y aura ni développement du fret ferroviaire, ni utilisation efficace et massive d’un hydrogène non polluant ! A partir des besoins de production, besoins sociaux de vie et besoins écologiques, il faut dire « emploi et formation » d’abord, et investissement ensuite, la recherche se situant entre les deux.

Donc, argent pour les profits et le capital, au nom de l’investissement, et ils croisent les doigts pour l’emploi ? Tout en organisant encore plus la baisse du coût du travail, mais en conjuguant certaines protections par le chômage partiel avec affirmation du risque de chômage et de sa fatalité. Ils appellent ainsi à se satisfaire de sacrifices renouvelés…

Pro-entreprise ? Pro-offre ? Mais cette même politique a fragilisé la production, c’est à dire l’offre, pendant des décennies !! Nous sommes pour développer une toute autre entreprise, une toute autre offre, avec une efficacité nouvelle, sociale et écologique : c’est-à-dire avec en son cœur l’emploi et la formation comme moteur, et non comme conséquence éventuelle, et la lutte contre le coût du capital au lieu de celle contre le coût dit « du travail ».

Alors bien sûr, il y a le changement sur le chômage partiel. Mais enfin, le chômage partiel, ce n’est pas l’emploi ! Et en plus, il n’est que momentané.

La ficelle principale, c’est de couper d’un côté l’investissement, la production, de l’autre côté l’emploi et le chômage. Les décisions d’investissement, de production, les décisions de recherche seraient du ressort des patrons et des choix boursiers du capital financier. Les décisions d’emploi seraient une pure conséquence de ces choix en amont, réservés aux patrons et dominés par le capital, ses pouvoirs et ses exigences de rentabilité. La puissance publique, la politique ne pourrait qu’accompagner cela, avec des aides à l’investissement, indépendamment de l’emploi, avec l’indemnisation du chômage ou en amendant à la marge par  quelques subventions à l’emploi, ou en baissant le coût du travail, renforçant au passage la concurrence et fragilisant la situation des salariés, donc leur efficacité.

J’insiste, l’emploi ne doit pas être une simple « contrepartie » d’un plan malsain, mais un levier majeur incluant la formation. Ce qui implique, non pas de mettre des contreparties, mais des conditions très précises, d’organiser leur suivi, et de baisser d’autres coûts que celui dit « du travail ».

On retrouve cette coupure jusque dans les institutions puisque l’on va prétendre que les régions ont en charge le « développement économique » mais pas l’emploi… qui, lui, serait réservé à d’autres niveaux institutionnels. Il est crucial de mettre à bas cette construction politique, idéologique et institutionnelle par une campagne tenace, de la dénoncer et de proposer autre chose, jusque dans nos campagnes électorales. J’ai en tête les prochaines élections régionales, les départementales, mais bien sûr aussi les scrutins présidentiels et législatifs à venir.

C’est dire l’exigence d’un apport communiste, de l’intérêt de son originalité, pour répondre à la crise du pays et pour en quelque sorte « recomposer la gauche », mais en recomposer le contenu, en rupture avec les errements pro-capital engagés dès le tournant de 1982-83 mais avec un projet à la hauteur des défis du 21ème siècle, avec les révolutions informationnelles et écologiques, et celle de la mondialisation ou de la monnaie, mais aussi à la hauteur de l’exigence profonde démocratique et d’intervention.

Le plan adopté au conseil national du PCF en juin dernier contient un ensemble de propositions immédiates pour y répondre, accompagnées d’éléments de financement (cotisations sociales, nouvel impôt sur les bénéfices incitatif à la production de richesses et à l’emploi, pénalisant les autres, taxation du capital des entreprises et pas seulement l’ISF, crédit bancaire nouveau, fonds publics en levier sur les banques et entreprises, création monétaire de la banque centrale européenne, avec d’une part notre proposition de fonds européen, et d’autre part la proposition que la Banque de France impulse un refinancement des entreprises sur critères de création d’emploi comme les textes européens le lui autorisent).

Ces propositions sont de nature globale. Mais l’heure est à la résistance acharnée et à la construction, à partir des exigences des gens, là où ils sont, en donnant une perspective d’ensemble certes, mais à partir du terrain. C’est l’objet de la campagne pour l’emploi que le conseil national du PCF a lancée le 5 septembre.


[1] Seulement la CSG et la CRDS

[2] Plus exactement : par « unité de consommation », qui pondère différemment les gens s’ils sont plusieurs dans le même ménage ou isolés, ou les jeunes enfants. Par exemple deux personnes en couple représentant un peu moins que 2 unités.