Des avances de la BCE pour développer les services publics et sécuriser l’emploi et la formation

Tribune publiée dans L’Humanité dimanche du 16 janvier 2021.

Face à la crise, il faut embaucher d’urgence dans les hôpitaux et dans tous les services publics, tout en pesant sur les gestions d’entreprises pour sécuriser l’emploi et la formation face au tsunami des plans sociaux. C’est le seul moyen, à la fois de relancer l’économie et de la rendre plus efficace Au total, il faudrait environ 100 milliards de dépenses publiques supplémentaires en 2021 (voir Frédéric Boccara : « Financer l’action d’urgence contre la crise. Les propositions du PCF », Économie et politique, mai-juin 2020). Dans les prochaines années, cela permettra de créer bien plus de richesses ; mais en attendant, ces richesses n’existent pas. Pire, la chute de l’activité économique va réduire de plusieurs dizaines de milliards les rentrées d’impôts et de cotisations sociales.
Au total, comment trouver l’argent qu’il faut dépenser d’urgence pour combattre la crise ? Augmenter les impôts ? Rétablir l’ISF ne rapporterait guère plus de 3 milliards. Même en confisquant tous les profits du CAC40 (80 milliards en 2019, beaucoup moins en 2020 du fait de la récession), on serait encore loin du compte.
Annuler la dette passée ? Très bien, mais cela ne rapporterait pas d’argent nouveau pour financer les dépenses d’aujourd’hui et de demain.
Continuer d’aller chercher l’argent sur le marché financier ? On sait ce que cela implique : mise sous tutelle des politiques publiques, chantage permanent à l’austérité budgétaire et à la dévitalisation des services publics.
Et pourtant, de l’argent, il y en a. Les banques centrales de la zone euro ont déversé 2 000 milliards depuis mars 2020 sur les banques et sur les marchés financiers. Cette manne gonfle la spéculation financière et prépare un krach pire que celui de 2008.
Ce scandale doit cesser. L’argent de nos banques centrales doit servir à financer des projets de développement des services publics démocratiquement élaborés, décidés, réalisés et contrôlés dans chaque pays de l’Union européenne. Ce serait l’objet d’un fonds européen de développement économique, social et écologique. Sans attendre sa constitution, la BCE et la Banque de France pourraient avancer à la Caisse des Dépôts les fonds nécessaires au développement des services publics contre la crise en France, sans exiger d’intérêts, voire sans exiger le remboursement intégral de ces avances.
Loin de faire de la dette un fardeau pour les peuples, la création monétaire des banques centrales deviendrait alors le moyen d’un essor sans précédent de l’emploi, de la formation et donc de la création de richesses dans toute la zone euro.

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